Je défie quiconque de passer du statut de Valerie Trierweiler à celui d'Imperator Furiosa en moins d'une semaine. Il faut si peu de temps pour devenir minable. Il y a des étapes à respecter pour redevenir génial. Et puisque Dieu n’existe pas, il a bien fallu faire appel à toutes les autres forces divines de ce monde : L’alcool et l’amitié.
lundi 6 juillet 2015
#4
Pas facile de se retrouver
une contenance lorsque l’on se prend un seau de merde sur la gueule. L'odeur
persiste. Elle se rappelle à vous la nuit.
La colère fut si grande
qu'il en émanait une énergie presque métaphysique. De celle qui fait fondre le
bitume, pleurer les nouveaux nés, faner les fleurs. Une onde sismique qu'il me
fallait canaliser dans les meilleurs délais avant que cette canicule ne nous
crève tous.
Je défie quiconque de passer du statut de Valerie Trierweiler à celui d'Imperator Furiosa en moins d'une semaine. Il faut si peu de temps pour devenir minable. Il y a des étapes à respecter pour redevenir génial. Et puisque Dieu n’existe pas, il a bien fallu faire appel à toutes les autres forces divines de ce monde : L’alcool et l’amitié.
Je défie quiconque de passer du statut de Valerie Trierweiler à celui d'Imperator Furiosa en moins d'une semaine. Il faut si peu de temps pour devenir minable. Il y a des étapes à respecter pour redevenir génial. Et puisque Dieu n’existe pas, il a bien fallu faire appel à toutes les autres forces divines de ce monde : L’alcool et l’amitié.
Allongée en étoile de mer devant le
ventilateur qui n’a jamais autant brassé d’air, Van m'invite à la rejoindre
au jardin du Ruisseau, où se déroule une petite sauterie sur une voie ferrée désaffectée. Un parterre de fleurs rouges annonce l’entrée de l'événement,
l’instant Kenzo.
Sur les rails que j’espère vraiment abandonnés, des centaines
de culs posés, deux fois plus de cuisses. Trois stands de bouffe et de
boissons. Il y a les serveurs transpirants qui ont toujours l’air surpris quand
vient le moment de passer ta commande. Le faible choix laissant pourtant peu l’occasion
d’être médusé.
Je suis bien à une fête associative. De celle qui fait faire des
cocottes en papier aux enfants l’après-midi, planter des tomates cerises aux
adolescents qui découvrent l’importance du temps sur l’évolution des
organismes, et propose des ateliers tartes aux pommes aux seniors jusqu’à 17h.
Le genre de communauté prête à survivre à la moindre catastrophe écologique, grâce
à sa culture botanique et à son apprentissage de la chasse au canif. Du miel sur leurs plaies
suffirait à apaiser leurs souffrances. Qu’on m’enduise au plus vite.
Sur la scène de fortune, les djembés raisonnent.
Ils invitent tous ceux qui l’entendent à taper contre quelque chose. Un talon
sur le sol, une main contre l’autre, un index contre un verre. Pourvu que le
rythme y soit.
Van est fraîche, toujours pimpante. Elle
illumine souvent son assistance. Elle me fait penser à Meilleure Amie, je l'aime aussi pour ça. Vous n’êtes pas avec les gens par hasard, ils sont le reflet
de ce que vous êtes. Il y a par exemple de fortes chances pour que les gens que vous
détestez finissent par se fréquenter.
Van porte des robes à fleurs cintrées. Elle
danse les yeux fermés et ne boit jamais d’alcool. Van sort pour vibrer. Sa
culture musicale m’impressionne mais pas autant que sa faculté à tirer les gens
vers le haut. Je l’ai rencontrée il y a deux ans. Lorsqu’un après-midi d’été, j’offrais
la possibilité à qui voulait, de diffuser leur musique à l’apéro mixe que j’organisais
au Point Ephémère. « Est-ce que je
peux mettre deux titres ? » qu’elle m’a dit en tendant une clef
usb. L’accroche était faite.
Une fille vive et élancée débarque. Elle embrasse à tour de
rôle notre petit groupe aux culs engourdis. Joues collantes qu’on aimerait
éviter mais que la décence nous impose depuis toujours. On prend
tellement de précaution à paraître agréable à la première impression. L’importance de plaire est si grande que ma fascination est totale pour
ceux qui n’en ont plus rien à foutre.
Je ne la regarde pas.
Le bal se termine, nous flânons dans les
rues aux allures d’un Madrid étouffant. Une terrasse s’offre à nous. Nous
déployons une énergie folle pour organiser l’aménagement des tables, pour nous
apporter le meilleur ratio, place-petit vent nocturne.
La fille vive et élancée se plaint beaucoup, étale ses
jambes nues sur la chaise d’en face, fait de grands gestes avec ses bras,
dégage sa nuque, mouille ses mains, réclame le serveur, un verre d’eau, son porto
frais, remonte très haut sa jupe, écarte les jambes, invoque l’air frais.
Sourire Paris Match, élocution parfaite, cultivée, impertinente, râleuse et affranchie.
A PROPOS
Figure pluridisciplinaire de la nuit parisienne queer depuis une dizaine d’années, Juncutt organise sa première soirée en 2005 et rejoint le collectif Barbieturix avec lequel elle organisera les soirées « Clitorise » et « Better Fucking Girls » à la Flèche d’Or et au Social Club.
Elle dépeint pendant 5 ans, ses aventures nocturnes sur son blog « Smoking Kills », critique satirique et mélancolique et tourne en parallèle le « documentaire » à épisodes, intimiste et doux dingue « You Should Be Me ».
Maîtresse de cérémonie de la GASTON Queer Clubbing qu’elle organise avec Vainui de Castelbajac entre 2013 et 2015 ainsi que des PIMP MY GASTON au nuba.

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